Theobald Wolfe Tone (20 Juin 1763 – 19 Novembre 1798)
…nous avons convenu de former une association, qui portera le nom de « Société des Irlandais Unis ».
Et nous nous engageons envers notre pays, et mutuellement envers chacun d’entre-nous, à supporter fermement, et faire notre possible, par tous les moyens appropriés, pour porter à effet les résolutions suivantes :
Premièrement, nous avons conclu que, le poids et l’influence du Gouvernement anglais sur ce pays est si important, qu’il requiert une union cordiale parmi tous les Citoyens d’Irlande, afin de maintenir un équilibre essentiel pour préserver nos libertés, et le développement de notre commerce.
Deuxièmement, l’unique moyen constitutionel par lequel on puisse s’opposer à cette influence, réside dans une réforme complète et radicale de la représentation du peuple au Parlement.
Troisièmement, aucune réforme n’est réalisable, efficace, ou juste, qui n’inclut tous les Irlandais de toutes confessions religieuses.
Convaincus, comme nous le sommes, que les divisions intestines destructrices parmi les Irlandais ont trop souvent encouragé l’impunité la débauche, l’insolence, les Administrations corrompues, ces mesures auxquelles, de part ces divisions, ils n’osèrent pas s’ attaquer, nous les soumettons, ainsi que nos résolutions, à la nation, comme fondement de notre Foi politique.
Theobald Wolfe Tone est né à Dublin en 1763 dans une famille protestante de Dublin et fait ses études à Trinity College. Le jeune Tone passe beaucoup de temps à fréquenter les galeries publiques de la Chambre des Communes irlandaise (House of Commons).
Après les victoires Orangistes de 1690 et un siècle de colonisation britannique, une série de Lois furent édictées qui allaient jusqu’à ignorer l’existence des catholiques : ce furent les célèbres Lois Pénales.
Les Catholiques n’étaient plus éligibles, ni électeurs. Ils étaient également exclus de l’armée, de la magistrature de toutes les professions libérales.
Les prêtres devaient prêter serment et demander l’autorisation de dire la messe. Interdiction de l’enseignement du gaélique, d’acheter des terres, d’hériter d’un propriétaire protestant, de posséder un cheval valant plus de 5 livres. Interdiction également d’exporter la laine et les produits manufacturés. En cas d’exception, ils devaient obligatoirement transiter par les ports anglais où ils devaient aquitter de lourdes taxes.
Anomalie politique supplémentaire : un pays catholique aux 9/10 de sa population possédait un parlement 100% protestant.
Wolf Tone réalisa donc rapidement l’impotence de cette assemblée, et à quel point son seul but était de servir les intérêts de l’Angleterre.
Le libéral et tolérant Tone réalisa que le seul futur qui soit pour le peuple d’Irlande résidait dans la séparation des deux pays.
De ses fréquentes visites au Parlement Irlandais, Tone a noué des relations avec Thomas Russell qui lui était politiquement proche.
C’était la période grisante de la Révolution française, lorsque la doctrine de « Liberté, Egalité, et Fraternité » apparaissait également comme une solution aux problèmes irlandais.
Tone publia de manière anonyme un pamphlet appelé, « An Argument on Behalf of the Catholics of Ireland ».
Il conviait Protestants et Catholiques, dans une estime et un respect mutuels, à se battre pour la cause de l’indépendance de l’Irlande.
Ceci produisit un effet important sur de nombreux libéraux, particulièrement à Belfast.
Avec Henry Joy McCracken et Samuel Neilson, Tone fonde les United Irishmen dans cette ville en 1791. Il tint sa première réunion publique le 18 Octobre.
De retour à Dublin, Tone y créa, quelques semaines après, une autre branche des United Irishmen avec l’aide de James ‘Napper’ Tandy.
Lorsque la guerre fut déclarée entre la France et l’Angleterre en 1793, les United Irishmen furent suspectès d’être de connivence avec les Français.
Tone prit alors la fuite avec sa famille vers l’Amérique. Puis il navigua pour la France.
À Paris il eut deux entretiens avec Bonaparte et plaida la cause de l’Irlande, demandant aux français d’envoyer une flotte d’invasion en Irlande.
La première, en Décembre 1796, sous le commandement de Hoche et avec Tone à son bord, fut incapable de débarquer à Bantry Bay.
Tone persuada alors les français d’envoyer une nouvelle expédition sous le commandement du Général Humbert.
Wolfe Tone fut le premier à reconnaître une nation Irlandaise, indépendante du Royaume britannique, et commune à tous indépendemment des confessions religieuses.
Il est considéré par beaucoup comme le Père du Républicanisme Irlandais.
Cette page lui rend hommage, ainsi qu’à sa généreuse et tolérante vision de la future Irlande, où chacun pourrait vivre en harmonie dans ce pays magnifique que nous aimons tant.
Sa vision est toujours autant d’actualité aujourd’hui qu’elle ne l’était en 1798.